Une opération d’expulsion musclée a eu lieu tôt ce lundi matin, aux environs de 6h, dans le quartier de Taouyah, commune de Ratoma. Environ cinquante membres de la famille Bangoura ont été délogés de leur concession familiale par des agents de la gendarmerie, suite à la vente contestée du domaine par un individu présenté comme un membre éloigné de la famille.
Selon les témoignages recueillis sur place, cette vente aurait été réalisée à l’insu des héritiers directs. M’mah Bangoura, une des résidentes expulsées, raconte :
« Nous étions encore en train de dormir quand plus de vingt pick-up de gendarmes ont envahi la cour. Ils nous ont informés que la concession avait été vendue et qu’ils étaient là pour nous faire évacuer. »
Le nom d’Ousmane Camara est cité dans cette affaire. D’après les plaignants, ce dernier aurait affirmé que le terrain appartenait à sa mère, aujourd’hui décédée, qui serait issue de la famille Bangoura. Cependant, plusieurs membres de la famille contestent cette version, soulignant que la concession est historiquement et exclusivement propriété de la lignée Bangoura.
« Ce domaine appartient à notre famille depuis des générations. Ousmane Camara est le fils de la sœur de notre père, mais il n’a jamais eu de droits sur cette concession. Il a déjà vendu tous les biens hérités de son père, et maintenant il cherche à s’approprier les nôtres », dénonce Djenab Bangoura.
Le conflit foncier ne date pas d’hier. Selon Alhassane Bangoura, une procédure judiciaire avait déjà eu lieu en 2007 entre les deux parties.
« La justice avait statué en notre faveur. Ousmane Camara avait été condamné à payer une amende. Nous pensions l’affaire réglée. Mais ce matin, les forces de l’ordre ont agi sans même consulter le chef de quartier. Ils ont détruit nos maisons, arraché les portes et les fenêtres, et procédé à des arrestations », a-t-il déclaré.
Sur les lieux, la scène est chaotique : murs démolis, affaires personnelles éparpillées, portes et fenêtres arrachées. Dans le tumulte, des individus malintentionnés ont profité de la situation pour voler des matériaux de construction sous le regard impuissant des habitants.
Face à cette situation dramatique, M’mah Bangoura, visiblement désespérée, a lancé un appel à l’aide aux autorités :
« Nous demandons l’intervention du président Mamadi Doumbouya. Nous n’avons plus de toit, nos enfants dorment dehors, et nous sommes abandonnés. Mon frère, gendarme de profession, venu de Siguiri pour nous rendre visite, a été arrêté. Si nous ne retrouvons pas notre concession, je préfère mourir, car je ne peux plus protéger mes enfants. »
Au moment de quitter les lieux, notre équipe a constaté la présence d’ouvriers en train de délimiter le terrain sous la protection des gendarmes, suggérant une prise de possession par le nouvel acquéreur.
En attendant une réaction des autorités compétentes, la famille Bangoura se prépare à passer sa première nuit à la belle étoile, sur le trottoir qui jouxte leur ancienne demeure.
Mory Kaba pour Walpmedia.info