Le quartier Missira, dans la commune urbaine de Kankan, est secoué depuis plusieurs semaines par une vaste opération de déguerpissement menée dans le cadre de la politique de libération des emprises publiques engagée par les autorités de la transition guinéenne. De nombreuses familles, établies depuis des années, ont vu leurs habitations et commerces détruits, souvent sans indemnisation suffisante ni avertissement clair.
Mamadi Keita, l’un des habitants concernés, témoigne de la situation avec émotion : « Nous sommes plongés dans une profonde tristesse. Au départ, les autorités nous ont indiqué qu’une partie de notre concession empiétait sur la voie publique. Nous avons accepté qu’elle soit démolie. Mais après cela, ils nous ont donné un délai de 72 heures pour que ceux qui avaient reconstruit en bordure de route évacuent les lieux. On nous avait assuré que notre maison n’était pas concernée. Pourtant, ce matin, sans préavis, ils sont venus nous ordonner de sortir nos affaires, sous peine de tout voir détruit», explique t-il
Kèdjou Kouyaté, responsable des jeunes griots de Kankan, a lui aussi été surpris par la brutalité de l’opération : « Tous nos biens sont désormais entassés au bord de la route. Ce matin, des militaires et des responsables sont arrivés chez nous sans avertissement. Ils ont exigé que nous quittions immédiatement la maison, faute de quoi les bulldozers allaient tout raser, y compris nos effets personnels. On m’a seulement indemnisé pour trois boutiques, car initialement, la maison ne devait pas être concernée. Mais aujourd’hui, on me demande de la libérer, sans aucune compensation complémentaire. Nous sommes désormais sans abri, sans aucun moyen de nous reloger», a-t-il fait savoir
Face à ces déguerpissements jugés brutaux par les riverains, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une meilleure organisation, un dialogue plus inclusif et des mesures d’accompagnement dignes pour les familles affectées.
Edouard Kolié, pour Walpmedia.info depuis Kankan.