fibre patriotique ? Le fantasme du pouvoir ? L’angoisse d’être abandonné à la solitude après avoir été courtisé, adulé et célébré ?
Il y a aussi ceux qui ont été bien accueillis, parfois dans l’hystérie, et ne voient pas la désaffection venir à cause de l’épais brouillard des fausses assurances données çà et là et des clameurs populaires trompeuses et assourdissantes. On ne se doute de rien, en général, jusqu’à l’heure fatidique, avec tous les slogans scandés, toutes les cérémonies d’hommage et de reconnaissance mises en scène.
“Mieux vaut partir cinq ans trop tôt que cinq minutes trop tard”, disait le Général de Gaulle. Décider de partir ou choisir de rester peut dépendre des pulsions de chacun. Le sens de l’histoire et la conscience des risques de certaines décisions relèvent de la divinité de la sagesse.
Le peuple n’aura jamais de candidats tous issus de lui. Il choisit parmi ceux qui se présentent devant lui, son élu pour un temps déterminé qui n’est pas infini. La question qui demeure est de convenir ensemble, une fois pour toutes, de la manière dont on accède au pouvoir, l’exerce, le conserve et le transmet, pour qu’il n’y ait pas de mélange des genres, qu’on ne soit pas obligé tout le temps de tricher avec les valeurs, les principes et les exigences de la démocratie. En clair, qu’on ne se voie pas forcé de raconter n’importe quoi, n’importe comment, à n’importe qui, dans un rôle ingrat et souvent dégradant.
L’ambiguïté ne profite à personne. Le discours politique évolue avec le temps et s’adapte aux mœurs. Même si l’on veut nous ramener à certains égards aux années 60 par une rhétorique surannée et des comportements d’extrême servilité, le monde n’est plus le même. Il y a de nouvelles générations montantes : le parti-État, l’instrumentalisation du peuple, le dogmatisme, le guide suprême, bref, toutes les notions et idéologies qui ne s’inscrivent pas dans la démocratie et jurent avec l’État de droit sont tombées en désuétude. Il est toujours bon de s’y faire plutôt que de se voir rappeler à l’ordre par les forces du progrès ou rattrapé par les réalités du temps.
Á bon entendeur…
Tibou Kamara.