Thierno Boubacar Bah est victime d’une brutale bavure policière lors d’un mouvement de protestation organisé par l’opposition. Plus de dix ans après, il porte toujours les séquelles de cet acte de violence qui a bouleversé sa vie.
À l’époque, Thierno, jeune vendeur de livres coraniques, était occupé à écouler sa marchandise pour subvenir à ses besoins. C’est alors qu’il croise un pick-up de la police. Les policiers lui saisissent son sac, le jettent, puis l’attachent à l’arrière du véhicule avant de le traîner sur plusieurs mètres, de Bambéto à Hamdalaye, une scène qui hantera Thierno à jamais « Je ne me rappelle pas précisément du jour, mais c’était en 2013. J’étais en train de vendre des livres coraniques quand un pick-up de la police m’a intercepté. Ils ont pris mon sac, l’ont jeté, puis m’ont attaché à l’arrière du véhicule. Ils m’ont traîné de Bambéto jusqu’à Hamdalaye, à Gnariwada. C’est alors que des jeunes m’ont vu au sol et ont crié. Les policiers m’ont alors détaché»dit t-il
Gravement blessé, Thierno est transporté dans une clinique par des riverains, mais les médecins refusent de le prendre en charge, en raison de la gravité de ses blessures. Il est ensuite conduit dans une autre structure, mais encore une fois, il se heurte à un refus. Finalement, c’est à l’hôpital Donka qu’il subira ce qu’il décrit comme « le pire traitement », accompagné d’humiliations « Les médecins m’ont rejeté. Nous avons essayé dans une autre clinique avec Hadja Halimatou, mais encore une fois, j’ai été repoussé. C’est à Donka que j’ai été pris en charge, mais là-bas, j’ai subi un traitement inhumain, suivi d’humiliation»poursuit le jeune.
Aujourd’hui, Thierno vit avec des séquelles irréversibles. Sa vie a été transformée par la violence qu’il a subie, et il ne peut plus travailler en raison de douleurs chroniques. Ce qui était un simple travail de survie est devenu une lutte pour la dignité « Je ne suis pas né handicapé, c’est la violence qui m’a rendu infirme. Aujourd’hui, je suis obligé de mendier, je ne peux plus travailler à cause de la douleur constante»,a-t-il laissé entendre.
Boubacar a tenté à plusieurs reprises de rencontrer les autorités, y compris le président le général Mamadi Doumbouya, mais en vain. Il évoque également l’implication de l’épouse de Cellou Dalein Diallo « J’ai essayé de rencontrer le président Doumbouya, mais sans succès. Quant à Cellou Dalein, je ne l’ai pas rencontré, mais sa femme s’est battue pour moi, même si cela n’a pas abouti»,a-t-il fait savoir.
Orphelin de père depuis plusieurs années, Thierno se dévoue entièrement à sa mère, elle aussi malade. Mais face à sa propre souffrance, il se sent de plus en plus accablé par la situation « J’étais un espoir pour ma maman. Aujourd’hui, cette situation me ronge jour après jour. Je demande à toute personne de bonne volonté et aux autorités de m’aider à retrouver ma santé», lance t-il.
Aliou Maci pour Walpmedia.info