À Ratoma, plusieurs familles vivant dans la zone dénommée village baga, sont menacées d’être privées de leur domaine. Selon les membres des ces familles, leurs ancêtres vivaient pourtant là depuis des siècles. Un reporter de Walpmedia.info a rencontré certains d’entre eux. Au cours d’un entretien, ils ont raconté le calvaire judiciaire qu’ils font face.
«Nos parents occupaient ici depuis trois siècles. Sous le régime de l’ancien président feu Ahmed Sékou Touré, il a demandé à nos parents de le prêter cette zone qui devait servir de potager pour les élèves. Nous avons décidé de céder. C’était au temps de la révolution, personne ne pouvait s’opposer. L’ancien premier ministre Lansana Béavogui est venu s’emparer du lieu, pour dire qu’il l’appartient. Nous ne savions pas comment il à acquis ici. Après le décès du président Sékou Touré, nous avons décidé de réclamer la zone. En ce moment, la famille Béavogui avait transporté des granites et autres agrégats. En 2005, le maire de Ratoma a décidé de nous rendre le domaine à travers un arrêté. Mais, en 2006 monsieur Victor Traoré, un ex-dirigeant de la DPJ, s’était aussi présenté en disant que la zone appartenait à l’Etat. Il a souligné que le gouvernement a octroyé ce domaine à Mory Kanté (l’artiste). Mais ce dernier aussi n’a pas voulu réaliser quoi que ce soit sur ce domaine. Il a décidé d’aller s’installer à Nongo. Il a dit qu’ici, était un village. Néanmoins, en 2008, il (Victor Traoré), a revendu la zone au libanais. Quelques temps après, on vient nous annoncer également que la zone appartenait à un libanais nommé AVIF. On s’est demandé, comment est-ce possible ? C’est suite à cela qu’on a porté plainte contre ce libanais. Toutefois le monsieur concerné (libanais), est passé à une autre étape, en nous menaçant», explique Salifou Camara, porte-parole des familles Bangoura, Camara, Soumah et Sylla, vivant au village baga dans la commune de Ratoma.
Il ajoute aussi:
«Monsieur AVIF a aussi saisi la brigade de la gendarmerie de Kipé. On m’a personnellement convoqué. Le commandant qui m’a interpellé, a laissé entendre que notre famille dispose de faux papiers, au contraire, c’est le libanais qui détient les vrais documents du domaine. L’officier de la gendarmerie a exigé une signature de notre famille annonçant avoir négocié avec le plaignant pour lui céder la zone. J’ai dit nom. Il a menacé de m’emprisonner à la maison centrale, face à mon refus… Par ailleurs, quand il était ministre de la justice, Alphonse Charles Wright a effectué une visite sur la zone. Après cet exercice, il a avoué que ce domaine appartient à la famille baga. Mais monsieur AVIF n’a toujours pas cédé. Il a déclaré un jour devant nous, qu’un pauvre ne peut pas affronter un riche en jugement.
Et, au jugement en instance devant le tribunal de première instance de Dixinn, nous avons remporté le procès. De là, le libanais a dit n’est pas d’accord. Il a interjeté appel devant la cour d’appel de Conakry. A ce niveau, le juge Abdoulaye Conté a laissé entendre ceci, en s’adressant à nous membres de la famille : si on vous redonne votre terrain, qu’est-ce que vous allez en faire? Le revendre ou quoi? On lui a dit que l’option de vente n’est pas exclue. Il a répliqué en disant qu’on ferait mieux de négocier avec le libanais au lieu de revendre cet espace à un autre. Le juge Conté nous a demandé le prix, la famille a dit qu’elle le revend à 20 milliards de francs guinéens, à cause de l’immensité du domaine et sa proximité avec la mer. Il a dit ensuite, allez négocier. Au cours de ladite négociation, le libanais a proposé 400 millions de francs guinéens. Face au refus de la famille, il a en outre proposé 500 millions. Là également, nous avons dit niet»
Devant le juge Abdoulaye Conté à la cour d’appel de Conakry, il s’est passé quelque chose, selon notre interlocuteur.
«Le juge m’a dit qu’à Conakry, il n’y a plus de village. Il a ensuite tenu à ce qu’on négocie avec le libanais, mais en vain…»
Nous avons joint le juge Abdoulaye Conté, accusé dans cette affaire pour recouper l’information. Mais il n’a pas accepté de réagir. Quant au libanais, il reste sans adresse pour le moment.
Samoura pour Walpmedia.info