Le village de Bolosso, situé dans la sous-préfecture de Boula (préfecture de Kankan), est aujourd’hui confronté à une grave crise foncière qui a profondément ébranlé la communauté locale. Un différend de longue date sur la propriété de terres agricoles a récemment pris une tournure dramatique avec le décès de Mamadi Kourouma, professeur de chimie originaire de Kalafila, relançant un litige vieux de plus de dix ans entre la population de Bolosso et la famille du défunt.
Selon Mandjan Doumbouya, doyen du village de Kalafila, le conflit oppose spécifiquement les habitants de Bolosso à la famille Kossodou, à laquelle appartenait Mamadi Kourouma. Bien que les sages locaux aient, dans un premier temps, reconnu la légitimité des droits fonciers de Bolosso, une décision judiciaire rendue en 2023 par le tribunal de Kankan a accordé la propriété du terrain — estimé à plus de 2 000 hectares — à M. Kourouma. Ce jugement a été perçu comme une injustice par les résidents de Bolosso.
La situation s’est considérablement détériorée en 2024, notamment après l’arrestation de six jeunes du village, accentuant les tensions et alimentant un climat de méfiance. Le décès de Mamadi Kourouma, dans des circonstances encore non élucidées, a marqué un point de rupture.
Mamadi Keita, doyen de Bolosso, précise que le conflit ne concerne pas l’ensemble du village de Kalafila, mais uniquement la famille Kossodou. Il accuse cette dernière d’avoir utilisé un document falsifié pour obtenir la reconnaissance judiciaire du terrain, évoquant également une manipulation : Mamadi Kourouma aurait, selon lui, présenté un projet de société pour obtenir la signature des villageois, avant de s’en prévaloir pour revendiquer la propriété foncière.
Face à l’escalade des tensions, la quasi-totalité des habitants de Bolosso ont quitté leur village, trouvant refuge en Côte d’Ivoire, notamment à Lossoko et Gbeleban, où des aides humanitaires leur ont été apportées. Seules quatre personnes, selon les témoignages locaux, résideraient encore à Bolosso, dans des conditions extrêmement précaires.
Afin d’évaluer la situation et promouvoir une résolution pacifique, le préfet de Kankan, M. Kandia Mara, s’est rendu sur place. Il a assuré que les autorités guinéennes mettent tout en œuvre pour permettre un retour sécurisé des déplacés. Une délégation ivoirienne s’est également rendue dans la région, témoignant de l’ampleur transfrontalière de la crise.
Les constats effectués sur le terrain sont alarmants : habitations détruites, champs abandonnés, infrastructures en ruine. Le village de Bolosso est aujourd’hui presque entièrement déserté. Le recours à la médiation traditionnelle n’a pas permis de résoudre durablement le conflit, et la décision judiciaire reste vivement contestée.
« La justice doit permettre aux sages de jouer pleinement leur rôle dans la gestion des conflits domaniaux », plaide le doyen Mamadi Keita, appelant à une solution consensuelle et pacifique afin de prévenir de nouvelles tragédies.
Sidibé, pour Walpmedia.info