Alors que salariés et employeurs, tant du secteur public que privé, se préparaient à reprendre le travail après les trois jours habituels de célébration de la Tabaski, le gouvernement guinéen a surpris en annonçant la prolongation de cette période festive. Dans un communiqué diffusé par le ministère du Travail et de la Fonction Publique, le ministre François Bruno a déclaré les lundi 9 et mardi 10 juin comme jours fériés, chômés et payés sur toute l’étendue du territoire national.
Cette mesure inattendue a suscité une vague de critiques, notamment au sein de la classe politique. L’ancien ministre du Commerce, Marc Yombouno, interrogé par la rédaction de Walpmedia.info, n’a pas mâché ses mots : il qualifie la décision d’« illégale » et potentiellement préjudiciable à plusieurs niveaux.
« Cette mesure n’a été ni anticipée ni planifiée, que ce soit par les employeurs ou les travailleurs. Même les employés ont été surpris par cette annonce soudaine. Une telle impréparation perturbe la programmation économique, avec des conséquences sur la production et les revenus, surtout dans le secteur industriel », a-t-il déclaré.
L’ancien ministre déplore également l’absence de base juridique claire à cette décision « En général, les jours fériés sont fixés par décret ou arrêté, avec des références légales précises. Ce communiqué, en revanche, ne s’appuie sur aucun texte réglementaire. L’expression utilisée, ‘pour la poursuite et de façon exceptionnelle’, reste vague et confuse. C’est une première, à ma connaissance, depuis l’indépendance de notre pays, de voir une période fériée s’étendre sur plus de quatre jours consécutifs »a-t-il laissé entendre.
Marc Yombouno s’interroge par ailleurs sur la nécessité réelle d’une telle prolongation, rappelant que le vendredi précédent avait déjà été décrété férié, suivi du samedi et du dimanche, jours non ouvrables.
Il souligne également les conséquences de cette décision sur le calendrier des examens nationaux :« Nous sommes à la veille des examens. Déjà, ceux du ministère de la Formation professionnelle, initialement prévus pour lundi, ont été décalés à mardi. Or, mardi étant désormais férié, ils devront être reportés à nouveau. Cela risque aussi d’impacter les examens de l’enseignement préuniversitaire, notamment ceux de l’entrée en 7e année prévus pour jeudi. Les équipes pédagogiques, qui avaient trois jours pour se préparer, ne disposent plus que du mercredi. C’est une pression supplémentaire sur un système éducatif déjà fragile» a-t-il fait savoir.
En conclusion, Marc Yombouno estime que cette mesure, bien qu’appréciée par certains pour des raisons festives, reste inappropriée et mal gérée « Pour certains, c’est l’occasion de prolonger la fête. Mais il faut se poser la question : quelle était la réelle nécessité de décréter deux jours supplémentaires, au détriment de l’organisation administrative et de la performance économique ? »s’est til demandé
Aliou Maci pour Walpmedia.info