Dans la commune de Kagbelen, une famille peu ordinaire suscite l’attention par sa situation hors du commun. Ibrahima Sory Camara, aveugle, partage sa vie avec ses trois épouses, également atteintes de cécité. Ensemble, ils élèvent seize enfants dans des conditions de grande précarité.
Ce mardi, une équipe de Walpmedia.info s’est rendue sur place pour recueillir les témoignages poignants des membres de cette famille.
Djenaba Sylla, l’une des épouses actuellement enceinte de leur dix-septième enfant, relate le début de sa maladie « J’ai perdu la vue depuis mon jeune âge. Mes parents ont tout tenté pour me soigner, mais sans succès. C’est dans ce contexte que j’ai rencontré mon mari. Aujourd’hui, nous vivons une épreuve très difficile. Les conditions d’habitation sont déplorables : pas de toilettes, pas d’eau potable. Nous devons attendre que les propriétaires des lieux se réveillent pour accéder aux sanitaires. Nous lançons un appel aux autorités et aux personnes de bonne volonté pour nous venir en aide»explique t-elle.
Fatoumata Bangoura, seconde épouse du foyer, explique avoir perdu la vue à l’âge adulte « Ce n’était qu’un petit bouton, puis mes yeux ont commencé à larmoyer. Malgré les traitements, la maladie a progressé jusqu’à entraîner une cécité totale. J’ai eu cinq enfants avec mon mari. Nous vivons dans une extrême précarité. L’environnement est inadapté, particulièrement pour les enfants en bas âge. Nous espérons un soutien urgent des autorités» a-t-elle lancé.
Marima Soumah, troisième épouse, ajoute sa voix à cet appel « Depuis 2007, je suis atteinte de cécité. Ce n’est pas une maladie congénitale. Tout a commencé par de simples douleurs aux yeux, avant que les médecins ne m’annoncent que les nerfs étaient atteints et que je perdrais progressivement la vue. Nous soutenons la lutte contre la mendicité infantile, mais dans notre cas, comment survivre sans assistance ? Certains d’entre nous cumulent jusqu’à six mois d’arriérés de loyer. Nous mendions pour subvenir aux besoins de la famille. Avec la saison des pluies, sortir devient encore plus compliqué»mentionne t-elle.
Cette famille polygame vit aujourd’hui dans une situation d’extrême vulnérabilité. Sans ressources stables, sans infrastructures de base comme l’eau potable ou des toilettes, elle tente de survivre dans un environnement inadapté à sa condition.
Aliou Maci, pour Walpmedia.info