La commune urbaine de Kissidougou traverse une profonde crise institutionnelle, marquée par de vives tensions au sein de la municipalité. Plusieurs membres de la délégation spéciale ont récemment pris la parole, dans une déclaration conjointe, pour dénoncer une gestion jugée opaque et autoritaire de l’exécutif communal. Les accusations, graves et documentées, portent sur un présumé détournement de fonds publics ainsi que sur un dysfonctionnement structurel des instances de gouvernance locale.
Des pratiques financières contestées
Selon les conseillers signataires, une poignée de responsables se serait arrogé le contrôle exclusif des finances de la mairie, procédant à des décaissements importants sans l’aval ni l’information préalable des autres membres. Une source interne évoque une somme avoisinant 500 millions de francs guinéens qui aurait été engagée en dehors des procédures normales, dans ce qu’elle qualifie de dérive autoritaire et de gestion unilatérale.
Des projets inexistants ou inachevés
Les griefs formulés concernent notamment plusieurs projets municipaux présentés comme fictifs ou inachevés, malgré des décaissements opérés :
L’arc de bienvenue au grand rond-point, toujours inachevé ;
Un camion benne payé, mais jamais livré ;
Les latrines du marché de Keredou laissées à l’abandon ;
Le curage des caniveaux interrompu en pleine exécution ;
Un programme de reboisement prévu pour 2024, jamais lancé.
Les conseillers pointent également du doigt le gonflement artificiel des coûts, des dépenses non justifiées et des paiements anticipés à des prestataires, sans livrables à ce jour.
Dysfonctionnements institutionnels majeurs
Outre les aspects financiers, la crise est aggravée par le non-respect du calendrier des sessions ordinaires du conseil communal. Bien que ces réunions soient obligatoires chaque trimestre, aucune session ne s’est tenue depuis plusieurs mois, privant ainsi les élus de leur cadre légal pour exercer leur mission de contrôle. « L’exécutif agit dans une opacité totale », déplorent les signataires.
Appel à l’ouverture d’une enquête
Face à ce qu’ils qualifient de « détournement caractérisé des deniers publics », les conseillers réclament :
L’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire ;
La réalisation d’un audit indépendant des finances communales ;
La sanction des responsables si les faits sont avérés.
Un conseiller, ayant requis l’anonymat, résume l’indignation collective :
« Il ne s’agit plus simplement de mauvaise gestion, mais d’un véritable sabotage du développement local. »
Indignation de la population
Déjà confrontée à des services publics défaillants, la population de Kissidougou exprime une colère croissante et exige des mesures urgentes. Des voix s’élèvent pour interpeller les autorités nationales afin qu’elles prennent en main ce dossier. Si aucune décision forte n’est prise, cette affaire pourrait bien devenir un symbole national de l’échec de la gouvernance locale.
Mohamed Touré Pour Walpmedia.info