Depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir, le 21 septembre 2021, exercer le métier de journaliste en Guinée est devenu de plus en plus difficile. Cette réalité se traduit par la fermeture arbitraire de plusieurs médias, la disparition inquiétante de certains journalistes, mais aussi par les suspensions répétées de médias et de professionnels de l’information. Pire encore, des journalistes, contraints par la répression, se voient obligés de quitter le pays.
La presse étouffe. Sa valeur s’effrite. Les journalistes s’autocensurent, muselés par la peur. Peu à peu, les médias se transforment en instruments de propagande entre les mains des militaires. La réalité saute aux yeux : il suffit de parcourir certains sites pour s’en convaincre.
Une presse bâillonnée dans un pays où tout finit par se savoir
Une presse terrorisée est le signe d’un malaise national profond. Dans un pays où même les baobabs cachent des intentions dans la gestion de la cité, rien ne reste secret bien longtemps. Tôt ou tard, tout finit par se savoir.
Aujourd’hui, même ceux qui devraient défendre la presse, dirigeants, intellectuels, citoyens, se retournent parfois contre elle. Le dernier cas de violence remonte au mois d’août, lorsqu’un journaliste a été violemment agressé par des citoyens, comme si l’on vivait dans une jungle. Cette scène inquiétante devrait pousser la corporation à s’interroger. Car oui, la jungle s’impose, et la corruption y prospère. Mais l’histoire enregistre tout, et les grands hommes témoigneront un jour du combat des journalistes.
Des médias fermés, des vies brisées
Quand un journaliste disparaît sans que cela n’émeuve la justice ni les autorités, que peut-on encore attendre de l’État ? La fermeture de médias ne choque plus personne. Pourtant, derrière chaque suspension, ce sont des milliers d’emplois anéantis, des rêves brisés, des familles plongées dans une souffrance silencieuse. Voilà le triste héritage du CNRD pour la presse guinéenne. Objectif atteint : plus de dénonciation des cas de corruption.
Une stratégie de contrôle bien ficelée
La suspension continue de médias influents comme Guinée360 ou Guineematin.com, ajoutée aux sanctions visant des journalistes, n’a rien d’un hasard. C’est une stratégie délibérée, un plan cynique pour contrôler, faire taire et manipuler la corporation.
Beaucoup de patrons de presse sont devenus des courtisans, prêts à tout pour un poste, un contrat, une reconnaissance.
La pauvreté écrase les journalistes, la résignation s’installe, la démission devient générale. Rien de tout cela n’est une coïncidence : c’est le fruit d’un plan bien pensé par un clan hostile à toute critique.
Oui, il y a des fautes, mais aussi des causes
On reproche souvent aux journalistes de ne pas respecter la déontologie. C’est vrai. Mais comment travailler correctement quand on est sous-payé, surmené, sans sécurité, sans ressources ? Un seul journaliste couvre parfois des millions de citoyens. Il travaille sans assurance, sans soutien, sans perspective, sans même une convention collective. Voilà ce que d’aucuns qualifient d’« esclavagisme moderne ».
Et que dire de l’absence quasi-totale de publicité, qui prive les médias de toute indépendance financière ? Comment s’étonner, dans un tel environnement, des dérives observées ?
Une profession diabolisée
Le gouvernement, lui, n’a rien fait pour valoriser le métier. Pire, il l’a caricaturé. Il a présenté les journalistes comme des fauteurs de troubles auprès d’une population dont 66 % restent analphabètes, selon les chiffres officiels communiqués par un ministre en 2024.
Résultat : les jeunes ne veulent plus devenir journalistes. Les hommes de médias sont violentés. Ceux qui restent se muent souvent en simples communicants. Le journalisme guinéen perd son essence, sa vocation, sa force.
Une personne qui cache son visage, même à minuit, dissimule forcément quelque chose. C’est exactement ce que nous vivons sous un pouvoir qui voile ses intentions.
L’espoir malgré tout
Mais une certitude demeure : le journalisme ne disparaîtra jamais en Guinée. Il continue d’exister, de survivre, malgré les contraintes. Des journalistes tomberont, mais les dirigeants aussi finiront par céder leur place.
Tôt ou tard, la vérité éclatera.
Nous sommes en Guinée, un pays d’opportunistes, certes, mais Dieu veille. Il intervient toujours au moment opportun. Ce qui est caché aujourd’hui sera révélé demain. Les vrais responsables finiront par être connus.
Bon courage aux vaillants soldats de la vérité ! Restons debout, résistons, car le combat est loin d’être terminé.
Ibrahima Alhassane Camara
Journaliste Reporter d’Images (JRI)