Le gouvernement guinéen a lancé ce lundi un forum de haut niveau consacré à la gestion et au recouvrement des avoirs saisis et confisqués. Organisée par le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, à travers l’Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués (AGRASC-Guinée), cette rencontre s’est tenue dans la salle d’audience de la Cour d’appel de Conakry.
L’initiative bénéficie de l’appui technique et institutionnel de l’AGRASC-France.
Placée sous la présidence du Premier ministre, M. Amadou Oury Bah, la cérémonie d’ouverture a réuni magistrats, procureurs, juges de paix, chefs de greffe ainsi que des officiers de police judiciaire, autour du thème central « Gérer pour mieux recouvrer et restituer ».
Organisé sur deux jours, ce forum vise à renforcer l’efficacité des institutions judiciaires dans la lutte contre la délinquance économique, en mettant l’accent sur la traçabilité, la transparence et la restitution des biens illicites au bénéfice de l’État et de la société.
Dans son intervention, le directeur général de l’AGRASC-Guinée, Alpha Seny Camara, a rappelé que la création de l’agence découle d’un décret présidentiel pris en août 2023, matérialisant l’engagement du chef de l’État, le général Mamadi Doumbouya, en faveur d’une lutte structurée contre la criminalité économique.
« L’AGRASC est le dernier maillon stratégique de la chaîne pénale. C’est un instrument déterminant dans la lutte contre les infractions économiques », a-t-il déclaré, soulignant également l’importance de la coopération avec l’AGRASC-France, forte de plus de 15 ans d’expérience dans ce domaine. Des missions techniques bilatérales à Paris, tenues en février et avril 2025, ont permis de poser les bases de cette collaboration.
Prenant la parole, le président du Conseil d’administration de l’AGRASC,. Alpha Saliou Barry, a salué une étape décisive dans le processus de moralisation de la vie publique. Il a insisté sur l’importance de la gestion rigoureuse des biens saisis « Servir, conserver et redistribuer les biens issus d’activités illicites, c’est renforcer l’État de droit et restaurer la confiance des citoyens envers leurs institutions»souligne t-il.
Il a également plaidé pour un renforcement des capacités nationales, l’harmonisation des pratiques judiciaires et l’instauration de mécanismes de traçabilité et de reddition de comptes.
Le ministre de la Justice, Yaya Kairaba Kaba, a salué la tenue de ce forum, la qualifiant d’avancée majeure dans la lutte contre les infractions économiques « La récupération des avoirs mal acquis n’est pas une action secondaire, mais bien au cœur de notre mission de justice»explique t-il.
Il a également mis l’accent sur l’importance d’une application rigoureuse des procédures légales, d’une meilleure coopération interinstitutionnelle et d’une formation continue des magistrats sur les outils juridiques en vigueur.
Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre, M. Bah Oury, a souligné la nécessité de coordination entre les institutions impliquées « Refonder l’État, c’est d’abord renforcer la justice. Il est essentiel d’harmoniser les actions entre les juridictions, les régies financières et les institutions publiques pour que la saisie des biens serve pleinement l’intérêt général»a-t-il laissé entendre.
Il a également insisté sur l’importance du retour d’expérience international, notamment avec la France, pour éviter les écueils observés dans d’autres juridictions.
Prévue depuis 2016 dans le Code de procédure pénale, mais officiellement créée en 2023, l’AGRASC-Guinée entend désormais jouer un rôle central dans la lutte contre le blanchiment de capitaux, le détournement de fonds publics et l’enrichissement illicite.
Ce forum constitue la première grande initiative institutionnelle de l’agence depuis sa mise en place. Il vise à asseoir sa légitimité au sein de la chaîne pénale guinéenne et à renforcer son ancrage dans l’architecture judiciaire nationale.
Aliou Maci pour Walpmedia.info