La violente inondation survenue dans la nuit du 30 juillet 2025 à Conakry continue de marquer les esprits. Si les catastrophes naturelles de ce type touchent également d’autres pays, la situation en Guinée interpelle particulièrement, tant par sa récurrence que par ses conséquences humaines et matérielles.
Face à cette tragédie, les opinions divergent au sein des acteurs sociopolitiques. Interrogé par la rédaction de Walpmedia.info, Mamadou Kaly Diallo, acteur de la société civile guinéenne et défenseur des droits de l’homme, estime que la responsabilité est partagée entre les citoyens et les autorités publiques « Tout d’abord, je tiens à présenter mes sincères condoléances aux familles endeuillées, ainsi que ma profonde compassion à toutes les personnes affectées par cette catastrophe »dit-il.
Selon M. Diallo, plusieurs facteurs structurels sont à l’origine de cette crise « La Guinée ne dispose pas, à ce jour, d’un véritable plan d’urbanisation moderne. Depuis des années, les constructions se font de manière anarchique, sans planification préalable ni viabilisation des zones concernées. L’État devrait, en amont, identifier les zones habitables, les équiper en infrastructures de base, y intégrer les risques climatiques, avant d’y autoriser toute construction. Or, ce n’est pas ce qui se passe : les citoyens construisent d’abord, et l’administration intervient ensuite, souvent trop tard»a-t-il laissé entendre.
Il pointe également le manque de civisme d’une partie de la population, parfois peu informée des risques liés aux aléas climatiques « Une grande partie de la population n’est pas suffisamment sensibilisée aux conséquences des intempéries, alors que ces phénomènes sont aujourd’hui des enjeux mondiaux majeurs»poursuit t-il.
Mais M. Diallo insiste aussi sur la responsabilité de l’État, qui selon lui, a manqué à son devoir de prévention « Gouverner, c’est anticiper. Le défaut de vision urbanistique et l’absence de planification sont à l’origine de ce drame, dont les conséquences sont aujourd’hui tragiquement visibles»fait savoir Kaly Diallo.
Pour prévenir de nouvelles catastrophes, Mamadou Kaly Diallo propose une approche inclusive et progressive, reposant sur la pédagogie et la sensibilisation « Il ne s’agit pas de s’attaquer aux populations ou de démolir sans discernement les habitations existantes. L’État doit adopter une démarche pédagogique, informer, sensibiliser et identifier les zones à haut risque. Il doit également intervenir de manière préventive dans les zones encore non construites, en les rendant viables avant d’y permettre l’installation de citoyens»a-t-il dit.
Il appelle aussi à une prise de conscience individuelle « Les citoyens doivent faire preuve de discernement. Il n’est pas acceptable de construire dans le lit d’une rivière ou sur des zones inondables. Chacun doit comprendre que ces choix peuvent mettre en danger sa propre vie et celle de sa famille»renchérit t-il.
Enfin, il plaide pour un renforcement du cadre réglementaire « Une fois ces principes établis et diffusés, l’État devra également faire respecter la loi. Toute construction en violation de ces règles devra faire l’objet de sanctions»a-t-il conclu
Oumar Bellah Diallo & Aliou Maci pour
Walpmedia.info