La date du 21 septembre 2025 a été fixée pour la tenue de l’élection référendaire en Guinée. Toutefois, cette décision suscite de vives critiques au sein de la classe politique.
Dans un entretien accordé à notre rédaction, Dr Edouard Zotomou Kpogomou, vice-président de l’ANAD, a exprimé ses doutes quant à la volonté réelle du CNRD d’organiser cette élection. Selon lui, cette initiative s’apparente à une manœuvre visant à prolonger indûment la transition. Il déclare « Je considère cela comme une diversion, visant à prolonger inutilement la transition. Initialement, il avait été annoncé que l’élection aurait lieu d’ici la fin de l’année 2024, dans le premier trimestre 2025. Or, à la fin de ce premier trimestre, c’est-à-dire le 31 mars, aucune mesure n’avait été prise en vue de cette échéance. Aujourd’hui, on évoque un recensement électoral. Or, il est impossible de tenir un référendum sans un fichier électoral, et ce fichier ne peut exister sans recensement préalable. Cependant, le Ravec a été mis de côté, car il n’est pas utilisable dans le délai imparti pour servir de base à des élections. Il est donc nécessaire d’organiser un autre recensement, pour lequel les agents recenseurs n’ont même pas été recrutés»explique
Dr Zotomou poursuit en soulignant que, à ce jour, aucun projet de constitution n’a été finalisé, les experts étant toujours en train de se prononcer à ce sujet. Il conclut « Il est évident que rien n’est prêt à ce niveau. Ce qui est proposé n’est qu’une promesse de plus, une promesse qui ne sera pas tenue, car elle ne repose sur aucune base concrète ni sur des critères pratiques solides»a-t-il laissé entendre
Le président de l’UDRP, qui s’est également exprimé, a indiqué que les élections référendaires ne se tiendront probablement pas cette année, au vu des conditions actuelles « À moins qu’un forcing soit exercé, ce qui exposerait le pays à de graves conséquences. Actuellement, alors qu’on parle de référendum, un recensement est en cours. Ce qui se passe, c’est que des ajustements administratifs sont effectués dans l’unique but de faciliter la distribution des urnes », a-t-il précisé. Il met en lumière les incohérences dans la gestion des quartiers et des localités, citant l’exemple de Mandiana, qui a pris 22 quartiers, un nombre disproportionné par rapport à d’autres régions comme N’zérékoré, et d’autres anomalies similaires.
Enfin, il souligne l’absence d’un organe indépendant pour gérer les élections et dénonce l’idée de confier cette responsabilité au ministère de l’Administration du territoire. De plus, il pointe la volonté du CNRD de débuter les élections par les présidentielles, au lieu de suivre la logique d’un processus qui commence à la base. Selon lui, cette approche viserait à instaurer une forme de dictature, en permettant au président élu d’imposer une assemblée à sa convenance. « Si les élections commencent à la base, le président élu à la fin du processus devra travailler avec une assemblée déjà en place, ce qui favorise un rapprochement et la coopération entre les institutions. À l’inverse, la méthode envisagée par le CNRD mène à une concentration du pouvoir et à un régime autoritaire », a-t-il conclu.
Aliou Maci pour Walpmedia.info