Certains sont arrivés trop tard dans un monde politique trop vieux, avec la prétention illusoire de bouleverser des règles du jeu éprouvées et un ordre solidement établi. Ces mêmes avaient rêvé de devenir khalife à la place du khalife, dont ils refusent de reconnaître la préséance chèrement acquise, ainsi que la légitimité historique qui résiste au temps et survit aux épreuves.
Pourtant, comme les doigts d’une main, les hommes ne sont ni égaux ni interchangeables. Certains seront toujours au-dessus d’autres, mèneront la course en tête et garderont, quoi qu’il arrive, leur place dans la société ainsi que l’estime de leurs concitoyens. Une évidence que l’on n’a jamais niée ni contestée naguère, comme c’est le cas maintenant.
Le temps et les événements révèlent au grand jour, pour le malheur de ceux, nombreux et naïfs, qui croyaient avoir renversé la table, réussi le tour de force d’effacer d’un trait l’histoire et les mémoires, de dompter l’avenir, de contrôler les destins, que l’on n’inverse pas les rapports de force comme par enchantement. La popularité se cultive, et n’est pas grand homme politique qui le veut. Tout dans la vie est une œuvre de longue haleine. Comme l’affirme le philosophe Alain, c’est un piège de se considérer « surhomme avant d’avoir été homme ».
pourrait aussi se demander, sous les lambris de son palais, un homme fort du moment dans son pays.
On peut s’auto-satisfaire, s’enorgueillir d’exploits, continuer à faire la politique de l’autruche, mais pas à une époque où l’on ne peut plus tricher avec l’intransigeance des faits ni se dérober aux rigueurs de la réalité. Si la campagne électorale est un temps favorable à la vanité, à l’imposture, à la spéculation, aux mensonges aussi, comme l’a relevé Clemenceau, l’élection reste un moment de vérité où les masques tombent et les mythes s’effondrent : on voit que tout ce qui brille n’est pas or, combien de fois certains se sont surestimés, tandis que d’autres ne pèsent rien aux yeux des citoyens-électeurs.
Il y aura un avant et un après 21 septembre 2025, pour le bonheur de certains et le malheur d’autres. La roue de l’histoire tourne, celle de la fortune aussi.
Tibou Kamara