La prostitution, bien que l’un des plus anciens métiers au monde, reste encore stigmatisée dans de nombreux pays, y compris dans certaines sociétés où elle est perçue comme une profession honteuse. Cependant, dans certaines régions d’Europe et au-delà, elle est même reconnue au plus haut niveau.
À l’occasion du mois de pénitence observé par les communautés musulmane et chrétienne, notre rédaction a décidé de se pencher sur cette réalité souvent marginalisée. Ce mardi matin, un de nos reporters s’est rendu à la rencontre des travailleuses du sexe, appelées « filles de joie », pour comprendre comment elles vivent cette période de jeûne.
Dans un bar situé dans la haute banlieue de Conakry, le gérant, que nous désignerons sous le pseudonyme de R.G., a partagé avec nous les difficultés qu’il rencontre pendant cette période particulière. Il explique « Comme vous pouvez le constater, une partie du bar est en rénovation, mais cela ne nous empêche pas de recevoir des clients. Cependant, le mois de Ramadan a un impact considérable sur nos affaires. La clientèle a fortement diminué, ce qui affecte nos revenus de manière significative»a-t-il laissé entendre
Et de poursuivre «Actuellement, seule la salle VIP est ouverte, mais elle accueille également moins de clients. La nuit, nous accueillons quelques clients en toute discrétion. Les week-ends, il y a un léger regain d’activité, mais rien à voir avec les périodes habituelles. Avant le Ramadan, nos ventes pouvaient atteindre jusqu’à 8 000 000 de FGN, mais aujourd’hui, même atteindre 1 000 000 de FGN semble presque impossible. Les vendredis, c’est encore pire, nous passons la journée presque sans activité, et la nuit, c’est à peine mieux»dit-il
Il renchérit « Pendant cette période de jeûne, tout le monde observe un certain retrait, certains se reposent et, naturellement, la fréquentation est bien plus faible»martele t-il
Le gérant évoque également la situation des travailleuses de sexe « La situation a beaucoup changé. Les filles sont moins nombreuses, et celles qui sont présentes vivent ici de manière régulière. Beaucoup ont préféré rester chez elles, car la demande a drastiquement chuté. Quant aux prix, la chambre coûte 30 000 FGN, le reste étant négocié entre la fille et son client. Nous nous distinguons des autres bars, car il n’y a pas de réglementation stricte sur la durée des services, qui varie en fonction des besoins»a-t-il lancé.
Demande de témoignage, une des travailleuses, que nous appellerons « Makinikini » explique comment elle gère cette période difficile. « Depuis le début du mois de Ramadan, les clients se font très rares. Nous n’avons pratiquement plus de demandes, surtout en raison du jeûne et du carême. Avant cela, nous avions un peu plus de clients, ce qui nous permettait de générer un revenu modeste» a-t-elle fait savoir
Elle ajoute « Les prix ne sont pas fixés. Ils varient entre 25 000 et 30 000 FGN, certains clients donnent même 20 000 FGN, et nous devons accepter, car notre survie en dépend. Parfois, les prix peuvent dépasser ces montants, mais c’est assez rare. C’est comme une marchandise, plus vous payez, plus la satisfaction est grande. Nous traversons une période difficile pendant ce mois de pénitence, mais nous en sommes conscientes. Certaines de nos collègues ont d’ailleurs choisi de ne pas travailler durant cette période»explique t-elle
Concernant son propre comportement, Makinkini confie « Je jeûne également. Une fois la nuit tombée, nous sortons pour acheter de la nourriture. Nous vivons ici jusqu’à la fin du mois de Ramadan et du carême»dit-elle
Une autre travailleuse, que nous appellerons B.K., abonde dans le même sens. « Les gens nous jugent souvent sans comprendre notre réalité. Mais chacun vit sa vie à sa manière. Comme vous pouvez le voir, l’endroit est calme, et nous sommes toutes assises sans activité. Les clients ne viennent presque plus, et même la nuit, c’est très calme. Avant, je pouvais gagner jusqu’à 300 000 FGN par nuit, mais aujourd’hui, même obtenir 100 000 FGN est difficile. Nous savons que c’est lié au Ramadan et au carême, mais la situation est compliquée. En ce qui me concerne, c’est à partir de 50 000 FGN, et cela dépend du client»affirme B.G
Ainsi, la situation des travailleuses du sexe durant cette période de pénitence illustre bien l’impact des traditions religieuses sur leur quotidien et leurs revenus.
Aliou Maci pour Walpmedia.info