La question du logement en Guinée est devenue un véritable casse-tête pour de nombreux citoyens. Au-delà des loyers exorbitants et de la difficulté à trouver un logement convenable, un problème supplémentaire émerge, la discrimination basée sur le statut marital et l’appartenance religieuse. Certains propriétaires imposent des conditions draconiennes qui ne sont pas sans conséquences pour les potentiels locataires.
Dans la capitale, Conakry, des concessionnaires exigent que le locataire soit marié s’il est de sexe masculin, ou que la femme soit accompagnée de son époux pour obtenir un logement. D’autres vont plus loin, en posant des conditions relatives au nombre d’enfants du locataire. Plus surprenant encore, certains propriétaires demandent explicitement à connaître l’appartenance religieuse des candidats à la location avant de signer un contrat.
Walpmedia.info a recueilli les témoignages de plusieurs citoyens sur ce phénomène. Mamadou Aliou Bah exprime son indignation face à cette pratique « Là où je suis logé, le propriétaire avait imposé les mêmes conditions. Mais je ne vais pas changer mon statut juste parce que je cherche un logement. C’est injuste et méchant de poser ces conditions. Si tu es musulman, cela ne doit pas empêcher de vivre en harmonie avec des personnes d’autres religions. La cohabitation pacifique doit suffire. Les autorités doivent intervenir contre ce type de discrimination », déclare-t-il.
De son côté, Ibrahim Bah rejoint cette critique et souligne les difficultés pratiques que ces conditions imposées peuvent entraîner « Cette situation rend la recherche de logement encore plus compliquée. Ceux qui refusent de louer à des familles nombreuses devraient revoir leur manière de faire. On ne peut pas loger quelque part et interdire à sa famille de venir. La Guinée est un pays laïc, et si l’on construit des logements, on ne devrait pas exiger qu’un locataire appartienne à une religion spécifique », ajoute-t-il.
Djibril Bah, lui, pense que les autorités guinéennes portent une part de responsabilité dans cette situation « J’ai moi-même été victime de cette discrimination avant de me marier, et de nombreuses personnes continuent d’en être victimes aujourd’hui. Sur le principe de laïcité, ceux qui imposent ces critères religieux doivent changer d’attitude. Les autorités devraient intervenir. Si ce problème persiste, construire des cités sociales serait peut-être la solution à tout cela», conclut-il.
Les témoignages recueillis soulignent une fois de plus la persistance de pratiques discriminatoires en matière de logement en Guinée. L’enjeu est désormais de taille garantir un accès équitable au logement, sans distinction de statut marital ou d’appartenance religieuse, dans le respect des principes de laïcité et d’égalité des droits.
Aliou Maci pour Walpmedia.info